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23 mai 2008 5 23 /05 /mai /2008 01:59
Printemps à Madère (suite)

 

La fête de la marine

Il y a chaque mois quelque chose d’intéressant à faire ou à voir à Madère. Après le carnaval, le mardi gras, la fête des fleurs c’est aujourd’hui la fête de la marine. Toute une armada de bateaux de guerre de la Marine portugaise arrive à Funchal et s’installe dans le port. Elle organise, pour ceux que cela intéresse, des promenades sur des bateaux amphibies, elle initie les jeunes à la plongée sous marine et à l’escalade et elle ouvre ses navires à la visite. Le Sagres II et le Creoula, deux navires école de la marine portugaise sont là aussi, ainsi qu’un sous marin.
Nous rencontrons José un sous officier intéressé par les bateaux de plaisance et nous lui faisons visiter Harmonie. En retour il nous invite à bord de la Cacine, le patrouilleur sur lequel il est responsable électricien. Nous sommes intéressés par l’histoire de ce vieux patrouilleur construit en 1968 et qui a servi sur les fleuves des anciennes colonies portugaises pour maintenir l’ordre. Depuis la décolonisation il patrouille le long des côtes portugaises et vient de temps en temps à Madère et aux îles Selvagem pour contrôler l’activité des pêcheurs.

 















Nous poursuivons l’après midi par la visite du Sagres II. Je vous recopie sa notice : C’est un trois-mâts barque lancé en 1937 aux chantiers Blohm & Voss à Hambourg. Son port d’attache est Lisbonne au Portugal. Il fait 89,50 m de longueur hors tout. Son tirant d’eau est de 5,50 m, sa voilure représente 1.935 m2. La hauteur de ses mâts atteint 45 m.

Au début de la deuxième guerre mondiale, le voilier s'est appelé "Albert Léo Schlageter" et a occupé une fonction de ravitailleur. Il a été endommagé par une mine en transportant des troupes dans la mer Baltique. A la fin de la guerre il a été saisi par les Américains et revendu au Brésil qui l'a recédé en 1962 au Portugal. Le Sagres II a pour mission de former les cadets de la marine et de représenter le Portugal dans ses déplacements. C’est un bateau que j’avais déjà admiré sous voile devant le Havre lors du passage de la grande Armada de Rouen (photo ci-dessous à droite)

























Je prends la barre du Sagres II et me mets à rêver que je suis en mer avec 2000m² de toile au dessus de moi. Depuis le poste de barre la vision du bateau est monstrueuse. Il est grand et haut comme un cathédrale. Il est tellement long qu’on n’aperçoit pas la mer à l’avant du bateau. Je comprends la nécessité d’un équipage important et coordonné pour le manœuvrer : 10 officiers, 19 sous officiers, 134 marins et 80 cadets. J’aimerais passer une journée en mer sur un tel navire.

Le bateau est dans un état excellent. Le Portugal est fier de son passé maritime est se donne les moyens d’entretenir une flotte de prestige. En comparaison la Marine française ne possède que la Belle Poule et l’Etoile qui avec leur 450m²de voile, sont des voiliers minuscules à coté du Sagres II.

 
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 
















Le troisième bateau visité est le Creoula, une ancienne goélette de pêche (1937 à 1973) aujourd'hui reconvertie en navire école. Elle est également imposante avec ses 67 m de long et ses 1244 m² de voile. Elle est tellement bien restaurée et entretenue que l’on a peine à croire qu’elle a fait les campagnes de Terre Neuve.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 
























Nous finissons les visites de bateaux par le Barracuda, un sous-marin de la marine portugaise construit en France (Série Daphné comme le Flore qui est à Lorient sur la base de Kéroman)

Je me suis aussi procuré sa notice. La voila : C’est un sous-marin d'attaque long de  57,75 m. Son maître bau est de 6,74 m, son tirant d’eau de 5,25 m. Il fait 870 tonnes de déplacement en surface et 1043 tonnes en plongée. Il est propulsé par des moteurs diesel, son autonomie en plongée est de 12h, la profondeur maximum qu’il peut atteindre est de 300 m. Sa vitesse en surface atteint 12 nœuds (22,2 km/h) et 15 nœuds (28 km/h) en plongée.


 












































































J’ai déjà visité un sous marin de cette série à Rouen il y a des lustres. J’avais été frappé par la façon dont les couchettes étaient disposées, comme si on avait construit le sous-marin sans réfléchir au sujet du couchage pour ensuite installer les bannettes dans les quelques emplacements laissés libres. J’ai retrouvé cette exiguïté sur le Barracuda. Je n’imagine pas comment un équipage de plus de 50 hommes peut vivre dans un espace aussi restreint, sans possibilité de s’isoler. Pas question d’avoir son coin à soi, les couchettes sont utilisées par différentes personnes en fonction de l’heure du service. Il y a deux couchettes pour trois hommes. Si j’étais militaire, je ne choisirais certainement pas cette arme.

En visitant le sous-marin, je me pose la question de l’utilité d’entretenir encore ce type d’engin qui me semble obsolète, inadapté aux conflits d’aujourd’hui. J’imagine que pour bénéficier de la protection de l’OTAN, le Portugal se doit de mettre quelques navires à la disposition de l’organisation, même s’ils sont dépassés techniquement.

 

Autres photos sur http://picasaweb.google.fr/denis.stire/MadReFunchalFTeDeLaMarine 


L'enrouleur de trinquette


La trinquette est la deuxième voile d’avant que l’on utilise pour épargner le solent quand le vent forcit. Sur Harmonie, elle s’envoie en arrière du solent sur un étai volant. Il y a bientôt six mois, j’ai décidé de remplacer cet étai volant par un enrouleur. La modification a pris beaucoup de temps. Après avoir étudié la possibilité de faire venir le matériel du Portugal, j’ai préféré passer commande à Tonnerre Gréement de Lorient que je connaissais déjà. C’est l’entreprise qui a préparé le mât carbone et installé le haubanage d’origine d’Harmonie. Je lui ai commandé l’enrouleur à la mi février mais je n’ai été livré que début mai. Le retard est venu du temps passé à échanger de nombreux mails pour définir les cotes du nouvel étai, à rassembler le matériel en France, à le transporter par bateau jusqu’à Madère…. Puis à faire venir les pièces manquantes dans un deuxième envoi !















L’enrouleur et le nouvel étai sont installés par un maître voilier de Funchal qui se charge aussi de modifier la trinquette pour l’adapter à l’enrouleur.

Il ne reste plus qu’à faire les essais en mer. L’enrouleur de trinquette présente un avantage et un inconvénient. L’avantage, c’est la sécurité d’utilisation qu’il représente par mauvais temps. Il permet d’envoyer la trinquette depuis le cockpit sans se déplacer à l’avant du bateau sur un pont parfois balayé par les vagues. L’inconvénient est qu’il gêne le passage du solent dans les virements de bord. Pour remédier à ce désagrément, je suis obligé d’enrouler partiellement le solent avant de virer de bord.

En attente de départ pour les Canaries

Notre séjour à Madère arrive à sa fin. Nous sommes ici depuis novembre 2007, c'est-à-dire plus de six mois. Nous allons partir vers les Canaries, puis, après l’été que nous passerons en France nous naviguerons vers le Sénégal, les îles du Cap Vert, Le Brésil.

Jamais nous n’avons séjourné aussi longtemps dans un pays étranger. Mais ici, à vrai dire, nous ne nous sentons pas vraiment étranger. C’est plutôt le contraire. La vie à Madère nous rappelle la façon de vivre de notre enfance, sans problèmes, sans soucis.
J’ai écrit dans un chapitre du premier voyage d’Harmonie : « L
e voyage en bateau est un mode de vie. Les îles, la mer et le soleil en constituent le décor comme les papiers peints constituent celui d’une maison. Mais ici, le décor est mobile, il change continuellement au rythme du navire, selon l’envie que l’on a de rester ou de partir du dernier endroit où on est arrivé.

Cette envie de partir finit toujours par arriver. On sait qu’il y a toujours un peu plus loin, un port, un mouillage sympathique, une petite aventure à vivre, qui feront une anecdote à raconter ou pas »

Malgré ce que j’ai écrit là, je ne suis pas certain que mes escales futures m’enchanteront autant que celle de Madère. Je vais laisser ici un petit peu de moi-même. J’ai le sentiment de quitter un paradis terrestre.

 

J’ai rassemblé ci-dessous deux citations pour me motiver à reprendre la mer.

 

"Le voyage pour moi, ce n'est pas arriver, c'est partir. C'est l'imprévu de la prochaine escale, c'est le désir jamais comblé de connaître sans cesse autre chose, c'est demain, éternellement demain."
(Roland Dorgelès)

 

"L'important c'est de n'être que de passage"
(E. Dabit)

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