Chapitre 2.1: Adieu Harmonie Bonjour Harmonie

Adieu Harmonie

Années 2004-2005

Harmonie est stationné en Bretagne sud depuis sa sortie du Chantier Alliage. Nous lui avons trouvé une place au port de Locmiquelic. Ce port est accueillant. L’ambiance y est plus sympathique que dans les grandes marinas. Harmonie a une robe toute neuve, bleu marine et un propulseur d’étrave pour faciliter les manœuvres d’accostage.

Nous passons le mois d’août 2004 à naviguer entre Lorient et La Rochelle. Le reste de la belle saison, nous allons le voir une fois par mois environ pour faire quelques petites sorties autour de Lorient. La Bretagne est loin de Villennes sur Seine. Il ne nous est pas facile de nous y rendre souvent.

Nous confions la vente d’Harmonie à un broker.

Un acheteur potentiel se présente durant l’hiver 2004. Il est très intéressé par notre bateau et fait réaliser une expertise. Fin mars 2005, le bateau est vendu.

Adieu à notre beau bateau qui nous a emmené de l’autre coté de l’Atlantique. Nous lui souhaitons bon vent ainsi qu’à son nouveau propriétaire en espérant qu’il saura le bichonner comme nous l’avons fait.

Bonjour Harmonie

Harmonie, ce nom me plait toujours

J’envisage de garder le nom Harmonie pour notre nouveau bateau. Nous sommes bien habitués à ce nom et notre motivation reste la même : la recherche d’harmonie. C’est toujours la définition que nous donnons au mot bonheur. 

Il correspond à notre futur programme de navigation et signifie la recherche de paix et d’accord avec tout ce qui nous entoure, le soleil, la mer, le vent, la beauté des paysages, la sympathie des gens que nous espérons rencontrer et aussi l’entente entre nous deux. Voilà donc le nom choisi.
Nous n’utiliserons pas la terminologie classique Harmonie II, même si c’est le deuxième bateau que nous appelons ainsi. Nous laissons cette technique d’énumération aux rois et aux papes.

Printemps 2005. La signature du contrat de construction

Nouvelle rencontre avec le chantier Alliage qui décide, avec le cabinet d’architectes Berret-Racoupeau, de sortir une nouvelle gamme de voiliers de grand voyage en aluminium, à quille relevable et mât carbone, destinée à être plus performante que la gamme des dériveurs lestés. Cette gamme Azzuro rassemble en grande partie des idées que j’ai déjà évoquées avec Alliage à plusieurs reprises. Je signe donc très vite le contrat de construction d’un 42 pieds (12,80m) au début 2005.

La fin de la construction est prévue pour mai 2006. Un an de délai, c’est beaucoup et peu à la fois. Les plans ne sont pas encore totalement arrêtés, je dois notamment demander au chantier de redessiner l’arrière pour y intégrer une jupe indispensable à la vie en grand voyage : c’est la plateforme qui sert à descendre dans l’annexe ou à remonter dans le bateau. Je fais ajouter également un abri de cockpit tellement pratique pour se protéger des intempéries ainsi que des hublots supplémentaires pour apporter plus de lumière.

L’accès aux volumes de rangement extérieur se fera par des panneaux plus faciles à soulever que les dessus de coffre et surtout beaucoup plus étanches.

Je fais adapter les volumes intérieurs pour une navigation en couple en gardant la possibilité d’héberger de temps à autre les amis ou la famille. Une cabine destinée aux propriétaires sera installée à l’avant, une autre à l’arrière pour les invités, pas forcément des couples. Pour cette raison elle sera équipée de deux couchettes superposées.

Le carré aura une grande table pour inviter les équipages nombreux que l’on rencontre en navigation, un coin cuisine et une table à cartes. Les autres volumes seront constitués d’un WC, d’un cabinet de toilette avec douche, d’une zone technique pour les équipements et rangements et d’un grand espace à l’avant accessible par l’extérieur, pour entreposer l’annexe, les pare battage, les cordages, les ancres.

Ces aménagements intérieurs seront modernes. Un cabinet de design est chargé de faire des propositions.

Le choix des équipements d’Harmonie

Le mât sera en carbone, plus léger que l’aluminium. Pour donner une image, naviguer avec un mât aluminium, cela équivaut à naviguer avec un mât carbone sur lequel un équipier de 100kg serait assis à demeure dans les barres de flèches. Le mât carbone va donc permettre de bénéficier de plusieurs atouts notables : alléger le poids du mât, rendre le gréement plus rigide pour stabiliser le plan de voilure dans le clapot, rendre le bateau plus nerveux, faciliter le réglage des voiles. Les autres conséquences de l’allégement du mât sont de réduire la gîte en navigation, d’éviter au bateau de se coucher dans les risées, et même de rendre les mouillages moins rouleurs. Mais ce dernier argument est plutôt un argument commercial !

J’équipe notre nouveau bateau des instruments classiques de la gamme Raymarine : un écran multifonctions lecteur de cartes vectorielles relié aux autres appareils du bord : un GPS, un radar avec fonction Marpa pour contrôler la trajectoire des bateaux en mouvements autour du notre, un pilote 7002 avec calculateur gyroscopique et unité de puissance Lecomble et Schmitt pour barrer pendant les longues traversées, une centrale de la gamme ST60+ avec sondeur, loch speedo, girouette anémomètre pour obtenir les paramètres de navigation, une VHF ASN pour prendre la météo en navigation le long des côtes et communiquer de bateau à bateau, un récepteur Navtex pour recevoir les avis aux navigateurs sur des distances jusqu’à 200 milles des terres, et un récepteur BLU pour obtenir la météo en traversée océanique.
J’installe aussi un lecteur mobile de cartes vectorielles sur le pod de la barre à roue. Il m’évitera de faire des allers-retours entre la barre à roue et la table à carte lors des atterrages et des entrées de port. Il utilisera les mêmes cartes que l’écran multifonction.

Ultérieurement un téléphone satellite Iridium voix et data viendra compléter les moyens de communication.

J’ajoute aussi un dessalinisateur Aquabase 30 litres/h pour éviter d’embarquer les centaines de litres d’eau douce qui freinent la marche des bateaux de grand voyage, un propulseur d’étrave Vetus 55 kg avec joystick sur le pod de la barre à roue pour faciliter les manœuvres de port, un guindeau électrique Lewmar de 1000W indispensable pour relever l’ancre sur un 42 pieds.

Pour faire marcher tout cela je choisis d’installer un petit groupe électrogène de 3kw et un convertisseur Mastervolt pour avoir le 220v à bord.

Le moteur Nanni Diesel de 50cv est équipé d’un alternateur de 100A.

Avec cet équipement je pense pouvoir me dispenser de l’inesthétique et bruyante éolienne ainsi que des panneaux solaires encombrants et de faible rendement.

Au plan du confort une cuisinière classique de marque Force 10, à gaz, avec 3 feux et un four de 40l permettra à Françoise de satisfaire ses talents culinaires. Nous avons choisi le modèle à gaz après avoir longuement étudié les cuisinières à gasoil qui présentent plusieurs avantages : celui d’utiliser le même gasoil que le moteur et donc de supprimer les corvées de remplissage des bouteilles de gaz aux escales, d’être esthétiques avec leur plaque de chauffage vitrocéramique, d’être performantes avec leur four à chaleur tournante. Mais elles nécessitent l’installation de cheminées d’évacuation, elles ont l’inconvénient de fonctionner en consommant aussi du courant électrique pour faire circuler l’air et les gaz brûlés, elles sont longues à préchauffer et elles coûtent presque le prix d’une petite automobile !

Pour des raisons identiques je choisis de ne pas installer de chauffage fixe. Sur mon précédent bateau le chauffage au gasoil avec air pulsé ne fonctionnait que si les batteries étaient parfaitement pleines pour faire tourner le ventilateur. Je me souviens de notre traversée retour des Antilles avec notre Alliage 38, entre les Açores et la Bretagne,  le temps était frais, nous avions bien envie d’un peu de chauffage mais les batteries étaient trop faibles, le moteur était en panne et nous n’avons pas pu nous chauffer ni sécher l’humidité du bateau avant l’arrivée à Camaret.