Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
16 novembre 2007 5 16 /11 /novembre /2007 00:15

Le Portugal

Proverbe : Ce n’est pas le but de la promenade qui est important mais les petits pas qui y mènent.

 

Viana do Castelo

Nous quittons les îles Ciés en début de matinée mais le petit vent qui nous pousse vers le sud s’essouffle vite et c’est au moteur que nous faisons les 30 milles qui séparent les îles Ciés de Viana do Castelo. La pêche n’apporte toujours aucun poisson. Je me demande si je vais pouvoir rentabiliser les rapalas offerts par mes amis.  
Un troupeau de dauphins vient jouer avec notre bateau. Je les filme. Ils bondissent de tous les cotés et viennent se positionner à tour de rôle juste devant le bateau, à la limite d’être rattrapés par l’étrave. Je ne sais pas quelle sensation cela leur procure mais ils ne s’en lassent pas. J’espère qu’aucun d’entre eux ne va s’intéresser à ma ligne de pêche. La force d’un dauphin casserait le fil à coup sûr et je perdrais mon matériel. En dommage collatéral le dauphin garderait mon Rapala quelques temps accroché à sa gueule ce qui lui donnerait un drôle de look vis-à-vis de ses camarades et le gênerait pour chasser. Ensuite son organisme finirait par décrocher naturellement le faux poisson en plastique.

L’aide internationale à Viana do Castelo

En arrivant en début d’après midi à quelques milles de Viana do Castelo, le scénario météo de la veille se reproduit. Le vent thermique démarre et nous embouquons le chenal qui mène à la marina près du pont Eiffel avec un vent de force 6. Ce vent reste fort à l’intérieur du port. La manœuvre d’accostage risque d’être scabreuse. Tous les plaisanciers présents sur les pontons s’en sont aperçus et c’est une véritable aide internationale constituée d’Anglais et de Portugais qui se prépare à réceptionner nos amarres et à bloquer le bateau. Je vise le catway sous le vent bien que le maître de port m’ait demandé d’aller sur celui au vent. Mais nous verrons plus tard. Pas question de garer le bateau là où on nous dit. On se gare là où on peut, là où le vent nous pousse. Et il pousse fort. Pour l’instant le problème est de s’arrêter dans de bonnes conditions, sans taper le bateau contre un ponton ou un autre bateau. J’utilise ma marche arrière pour freiner Harmonie et le propulseur d’étrave pour m’engager à peu près droit entre deux catway.

Grâce à l’aide de tout le monde nous accostons sans dommages. Thank you everybody. Ensuite nous halons tranquillement Harmonie avec des bouts sur le catway prévu par le maître du port.

Ce dernier parle parfaitement français et s’avère être très cordial. Il nous demande de passer rapidement à la capitainerie de la marina avec les papiers du bateau et nos passeports. Nous obéissons rapidement mais il n’y a personne au bureau. Nous décidons alors de faire un tour de reconnaissance en ville pour nous dégourdir les jambes.

Viana do Castelo a gardé son caractère ancien du XVIème siècle avec ses rues pavées, ses maisons en granit, ses façades armoriées et ornées d’azulejos. Les azulejos sont des carreaux de faïence vernissée peints en bleu et blanc d’une surface de 14 cm sur 14cm qui une fois assemblés représentent des paysages, des scènes de vie ou des monuments.

Nous nous attardons quelques minutes dans une église où un office vient de commencer. Elle est décorée de peintures anciennes. Parmi les personnes qui arrivent, certaines viennent embrasser les pieds de la statue d’un saint. La foi catholique est toujours forte ici.

A la sortie de l’église nous achetons quelques journaux français pour nous tenir au courant de l’actualité. Nous trouvons Le Monde et Le Figaro mais pas les éditions du Parisien comme il y a 6 ans. Les informations principales n’ont pas varié depuis notre départ. La crise du crédit immobilier aux USA provoque toujours des répercussions sur les banques des autres pays, notre nouveau président mène son train de réformes et le XV de France va jouer un match décisif pour la coupe du monde le 21 septembre contre les Irlandais.

Sur le bateau il est difficile de capter les nouvelles de France. Nous recevons bien les radios portugaises sur la FM mais nous ne comprenons pas le portugais. Pour capter une radio française il faut sortir le poste à l’extérieur du bateau et déployer l’antenne GO. Nous le faisons rarement.  

Aussitôt de retour à la marina le maître du port vient nous revoir. Il nous dit gentiment « vous n’êtes pas passés au bureau, ce n’est pas bien ! Il faut faire les papiers »

« Mais si, nous sommes passés au bureau mais il n’y avait personne ! »

« Alors désolé, mais maintenant il y a quelqu’un »

« Bon on y va tout de suite »

Décidément Les Portugais sont restés stricts sur les formalités d’entrée dans leur pays.

Nous nous rendons comme promis au bureau de la marina et sommes accueillis par un deuxième employé qui lui aussi parle un petit peu notre langue. Les formalités sont remplies rapidement. L’employé charge nos coordonnées et celles du bateau sur son ordinateur avant de nous présenter un tarif raisonnable : 17,50€ par jour.

Maintenant il est temps d’arroser notre arrivée au Portugal. Nous regagnons le bord pour préparer un apéro ti-punch.

Le lendemain matin est réservé au bateau : lavage du pont au jet d’eau, nettoyage intérieur. L’après midi est consacré à la récupération physique et mentale de l’équipage. On est dimanche et nous ne faisons rien. Nada.

Lundi matin : retour en ville pour se connecter à Internet et faire les courses. Nous sommes au Portugal ; il est temps de passer à la cuisine du pays et de laisser tomber les spécialités espagnoles, les calamarés in su tinta, les pulpo en acete de oliva pour passer à la bacalhau (morue) sous toutes ses formes. 
Nous ne nous lassons pas d’arpenter le quartier ancien, en partie piétonnier, pour admirer ses édifices magnifiques. Nous nous arrêtons quelques instants à la terrasse d’un café pour lire nos journaux puis repartons flâner et regarder les boutiques. Certaines d’entre elles vendent toutes sortes d’articles en tissu brodé, des nappes, des habits, des couvre lit de toute beauté.

La basilique Santa Luiza

Mardi, nous décidons de rester un jour de plus, le vent étant un peu trop fort pour sortir en mer et programmons la visite de la basilique Santa Luiza. Elle domine Viana do Castelo sur une colline située au nord de la ville. Depuis notre arrivée nous l’apercevons à chaque fois que nous levons la tête. Nous décidons d’y aller.  
Il y a six ans lors de notre premier passage nous avions fait l’ascension de la colline à pied. Je me souviens que nous étions arrivés exténués au sommet. Cette fois nous empruntons le funiculaire qui vient d’être restauré et remis en service après plusieurs années d’arrêt.

C’est l’opportunité de discuter quelques instants avec un couple de grands voyageurs qui viennent d’Australie et sillonnent l’Europe en camping car depuis 6 mois. Leur mode de vie est proche du notre. Comme nous, ils emportent leur maison avec eux. Ils nous disent qu’ils apprécient particulièrement le Portugal et la gentillesse des Portugais.

Le funiculaire nous amène au pied de la basilique qui a été construite entre 1928 et 1954 en s’inspirant du Sacré-Cœur de Montmartre. Le résultat est aussi monumental. A l’intérieur de la basilique un prêtre célèbre une messe suivie par une quinzaine de personnes. Même en semaine les églises conservent une grande activité au Portugal !

Le ballet des avions

Le parvis de la basilique offre un magnifique panorama sur Viana do Castelo et sur l’estuaire de la ria de Lima. Depuis le début de l’après midi nous apercevons de hautes volutes de fumées brunes au dessus de collines situées à quelques dizaines de kilomètres au sud de la ville. Nous pensons qu’il s’agit d’un feu de forêt comme en a beaucoup subi le Portugal cet été. Les eucalyptus avec leurs feuilles huileuses sont des arbres très inflammables. La confirmation arrive peu après avec deux avions bombardiers d’eau qui viennent se ravitailler dans le port de Viana do Castelo. Ils débouchent à basse altitude à hauteur du pont Eiffel en opérant un virage serré sur la ria de Lima et plongent vers la surface de l’eau en direction de l’embouchure. Ensuite ils labourent le plan d’eau sur quelques centaines de mètres pour remplir leur réservoir en faisant jaillir d’énormes gerbes d’eau puis redécollent et repartent lourdement chargés vers les collines pour y larguer leur cargaison d’eau de mer. Le spectacle est captivant. Le maniement de ces engins doit apporter des sensations exceptionnelles aux pilotes. Le métier d’aviateur pompier est certainement un métier passionnant mais dangereux.  
L’intervention des avions semble être efficace. Après plusieurs rotations la fumée brune est remplacée par de la fumée blanche signe que le foyer est en phase d’extinction.

Le lendemain la météo n’est toujours pas bonne. Pourtant il fait très beau à Viana, le ciel est uniformément bleu et la température est douce autour de 25°. Après consultations d’autres plaisanciers nous décidons de rester un jour supplémentaire. Nous rattraperons le temps perdu en sautant l’escale de Lexoeis pour aller directement à Nazaré.

Puisque nous ne naviguons pas aujourd’hui nous en profitons pour nous offrir une spécialité portugaise à la terrasse d’un petit restaurant : Une bacalhau grillée avec des pommes de terre, des oignons, des poivrons, arrosée d’un vin vert non pétillant - rien à voir avec le vinho verde - un régal.

Le voyage de Viana do Castelo à Nazaré

On pourrait rester encore des jours et des jours à Viana do Castelo tant la ville est agréable mais la saison avance et il faut descendre vers le sud si nous ne voulons pas nous faire prendre par l’automne. A cette époque de l’année les tempêtes peuvent êtres dures le long des côtes du Portugal et bloquer les bateaux dans les ports pour de longs moments.

Nous décidons de faire une grande étape de 130 milles qui va nous mener à Nazaré. Nous avons un excellent souvenir de Nazaré, port de pêche et petite station balnéaire.

Cette navigation aurait pu être très agréable par un vent de force 3 à 4 sous un grand soleil – le soleil nous accompagne depuis Lorient - mais une grande houle de 2 à 3m, venue de je ne sais où,  nous secoue toute la journée et toute la nuit. La houle est un des aspects les plus pénibles de la navigation. Elle fait rouler le bateau bord sur bord et nous oblige à nous cramponner pour ne pas rouler avec lui. Quand la houle arrive on ne peut rien faire d’intéressant, ni lire ni écrire, seulement regarder l’horizon qui monte et qui descend.

Comme souvent le trajet s’effectue à la voile le jour et au moteur la nuit quand le vent tombe. La pleine lune nous éclaire facilitant le repérage des bateaux de pêche dont il faut beaucoup se méfier. La manœuvre de l’un d’entre eux nous a beaucoup inquiétés. Il suivait au départ une route qui ne croisait pas la notre – vert sur vert – puis soudain il a changé de cap et est venu droit sur nous – ses feux vert et rouge face à nous - nous obligeant à manœuvrer en dernière minute pour l’éviter. Je ne suis pas sûr que l’homme de barre soit toujours présent à son poste sur ces bateaux. Il est certainement plus souvent à l’arrière pour aider ses collègues. Ceci expliquerait qu’il y ait autant de collisions entre les bateaux de pêche et les autres navires.

Au petit matin, à l’approche de la côte, le brouillard nous enlève toute visibilité et c’est un petit peu angoissé que nous nous approchons du port. Le radar nous permet de localiser les autres bateaux mais il ne repère pas les bouées de surface des casiers de pêche, même quand elles sont surmontées d’une perche et d’un fanion. Ces  bouées et leur filin constituent un véritable champ de mines pour les hélices des voiliers. Elles sont placées de façon dense à l’intérieur d’une zone qui va selon moi jusqu’à la ligne des 130 mètres de profondeur sur tout le littoral du Portugal et particulièrement à proximité des entrées de port. Seule une surveillance sans faille permet de zigzaguer entre elles. Dans le brouillard on les aperçoit à la dernière seconde. Sous pilote automatique le temps de réaction de la télécommande est insuffisant pour louvoyer sans risques entre leurs alignements ; il vaut mieux prendre la barre en main pour les éviter. En louvoyant entre ces perches, on a l’impression de descendre une piste de slalom de ski.

Le brouillard s’évanouit quelques centaines de mètres avant les jetées du port et nous entrons dans Nazaré sous un beau soleil matinal qui éclaire la haute falaise surplombant la ville et sa longue plage. La brume qui reste présente sur la mer et dans le creux des vallées autour de Nazaré nous donne l’impression d’arriver dans un endroit isolé du reste du monde. On est vendredi 28 septembre 2007. Il y a seulement dix sept jours que nous avons quitté Lorient mais la France nous semble déjà très loin.

Nazaré

Les mots propreté et écologie ne sont pas les mots d’ordre du port de pêche.

Nous retrouvons le port de plaisance de Nazaré tel qu’il était il y a 6 ans. L’accueil est toujours très sympathique, le personnel serviable, c’est le coté très positif de l’endroit.

Il y a un coté négatif. La présence du grand port de pêche autour des deux pontons réservés à la plaisance apporte beaucoup de nuisances. Le mouvement incessant des gros bateaux de pêche qui viennent débarquer leur poisson fait beaucoup de bruit et lève des vagues jour et nuit sur le plan d’eau. Mais ce n’est pas le point le plus gênant. Le problème est la pollution du port. On y découvre toutes sortes d’objets flottants identifiés comme provenant des pêcheurs – caisses à poissons en polystyrène, vieux filets de pêche, cordages abandonnés très dangereux pour les hélices des bateaux, sacs divers en plastiques, bouteilles vides, etc.

Les mots propreté et écologie ne sont pas les mots d’ordre du port de pêche. Le port de plaisance en pâtira tant que la prise de conscience n’aura pas lieu. Pourtant à quelques centaines de mètres du port la station balnéaire de Nazaré se développe à grande vitesse. Les immeubles poussent comme des champignons. Le tourisme est arrivé. Il ne supportera pas longtemps la saleté du port.

J’espère par ailleurs que ce tourisme n’a pas gâté le charme de la vieille ville. Nous le saurons demain samedi en la visitant. Cet après-midi le programme de l’équipage tient en deux phrases : nettoyage du bateau et repos après le sommeil en pointillé des quarts de veille de la nuit en mer.

The Harbour Master

Le port de plaisance de Nazaré est anachroniquement dirigé par un britannique au look de vieux loup de mer, le Captain Mike Hadley. C’est un petit bonhomme trapu qui porte une barbichette blanche et tient en permanence une pipe vissée au coin de ses lèvres. Tous les employés du port s’adressent à nous en français mais pas lui. Pourtant je le soupçonne de comprendre et parler notre langue. Il était déjà là il y a six ans lors de notre précédent passage. C’est lui qui avait eu l’idée de mettre les drapeaux des bateaux en berne le 11 septembre 2001. Il vient nous voir dans la matinée pour nous demander de renforcer nos amarres. Il attend un gros coup de vent sur le port – rafales à 10 – et semble craindre beaucoup d’agitation dans la marina. Pourtant la météo que nous recevons sur le Navtex ne parle que de vents de force 6 à 7. Il nous demande de l’appeler sur son numéro personnel en cas de besoin. J’ai l’impression qu’il n’a pas confiance dans la solidité de ses vieux pontons. Un couple écossais amarré près de nous reçoit aussi ses recommandations. Ils nous disent en aparté avec humour: advice but compulsory – des conseils mais il faut les exécuter !  
Le vieux maître de port poursuit sa visite de tous les bateaux en demandant à certains de se déplacer dans le port pour s’amarrer à une place plus sécurisée et à d’autres de doubler les amarres. Je me demande ce qui va arriver. Est-ce qu’il exagère ou vraiment une grosse tempête est-elle en train de se préparer ? D’où tient-il ses informations ? Le « Boletim meteorologico para a navegacao maritima – informacao do instituto de meteorologia Portugal  » indique l’arrivée de vents de 6 beaufort et parfois 7 avec rafales sur la zone de Porto dans laquelle nous nous situons. On est loin du force 10. Malgré tout le vieil Harbour Master nous transmet un petit peu de son inquiétude et nous différons la visite à la ville préférant préparer le bateau en vue d’un renforcement du vent. Nous doublons les amarres, installons quelques pare- battage supplémentaires, plions et rangeons l’annexe dans le coffre avant, bloquons la bôme pour éviter qu’elle ne batte, enroulons le génois de quelques tours en plus pour qu’il ne se déploie pas inopinément. Il ne reste plus qu’à attendre sereinement l’évolution météorologique.

Luis

L’autre personnage pittoresque du port de Nazaré, c’est Luis, le patron de l’épicerie bar tabac restaurant du port. L’épicerie est tellement minuscule qu’on ne peut pas y entrer. On demande à Luis ce que l’on veut et il va le chercher dans les rayons. Son commerce est le seul à des kilomètres à la ronde. Luis est un tout petit homme rond avec de grosses lunettes et quelques dents en moins sur le devant. Il s’exprime très bien en français et nous explique avoir appris notre langue uniquement en conversant avec les équipages des bateaux de passage. Je suis toujours admiratif pour les individus polyglottes comme lui, moi qui ai tant de mal à aligner quelques phrases en anglais. 

Luis est capable de tout faire, il suffit de lui demander. Il peut aussi bien faire l’interprète, vous trouver du pain frais, du poisson, vous organiser un voyage dans la région ou vous renseigner sur la météo. Justement la météo, « Luis, quel temps va-t–il faire ? » Il répond tout net « Très mauvais jusqu’à mercredi » alors que dans son épicerie, un bulletin météo est affiché et donne des prévisions beaucoup moins pessimistes. Luis doit tenir ses informations du Captain Hadley ! Nous verrons plus tard qui a raison. 
Luis nous renseigne sur toutes les commodités qu’offre sa ville. Un petit train touristique permet de visiter Nazaré en 30mn, un grand marché se tient tous les vendredi, on peut assister à des combats de taureaux à Sitio, il y a une grande station de bus qui sert de point de départ pour visiter la basilique de Fatima ou les monastères de Batalha et  d’Alcobaça ainsi que les nombreux châteaux aux alentours, Ourem, Pombal, Leira, Porto de Mos. Luis est intarissable sur sa région. Il récite les catalogues par cœur.

La ville de Nazaré

Nazaré est devenue une ville complètement tournée vers le tourisme de masse. Les cars n’arrêtent pas de déverser leur flot de touristes dans lequel on repère beaucoup de retraités français. Nous sommes aussi des retraités mais nous avons le sentiment de vivre quelque chose de très différent dans notre façon de voyager. Tout d’abord nous ne voyageons pas en troupeau et notre itinéraire n’est pas aussi programmé que celui des tour-opérateurs. Nous restons le temps que nous voulons dans les endroits où nous nous sentons bien, nous ne visitons que les sites qui nous plaisent, nous choisissons les restaurants dans lesquels nous allons, nous ne sommes sous le commandement de personne. Quand je parle de commandement, je pense à une scène comique à laquelle j’ai assisté sur la place de Sitio. L’accompagnateur d’un bus français a rameuté tous les voyageurs qu’il avait sous sa responsabilité pour qu’ils regagnent le bus en leur disant : « Attention, prochain arrêt dans deux heures, prévoyez l’arrêt pipi maintenant ! » et aussitôt le troupeau de retraités s’est précipité vers les latrines de la place de Sitio et une grande queue s’est formée ! 

A Nazaré, le nombre des restaurants est incalculable et tout le bord de mer est désormais occupé par des immeubles abritant des appartements de vacances. Nazaré est devenue une ville touristique banale. Pour trouver un peu d’exotisme, il faut s’enfoncer dans les ruelles qui partent du front de mer vers le haut de la ville. On retrouve alors le Portugal traditionnel avec le linge qui sèche aux fenêtres.  
Le quartier Sitio dont j’ai parlé plus haut est situé sur une falaise de 110m qui surplombe la ville. Il mérite une visite. On y accède par le funiculaire. De Sitio on peut apprécier le panorama qui s’étend sur 20 milles depuis Nazaré jusqu’au cap Carvoeiro en face des îles Berlingas. La très imposante église de Sitio mérite aussi que l’on s’y arrête quelques instants pour admirer ses galeries intérieures ornées d’azulejos.  
Quelques petits métiers subsistent à Nazaré. Ils sont exercés par des femmes en habit traditionnel : le séchage du poisson sur des claies en bord de plage, la vente de graines et de fruits secs – amandes, pistaches, graines de lupin, noix de cajou, figues, pruneaux, dattes, abricots secs - que les Portugais achètent et grignotent en marchant. Nous en faisons une provision pour notre consommation sur le bateau.

 

 

 Batalha

Un jour de plus pour visiter le monastère de Batalha

La méchante tempête prévue par le Harbour Master n’est pas arrivée dans notre zone. Elle a sévi plus à l’ouest sur la zone Charcot. Le vent dans le port n’a pas dépassé 25 nœuds. Par contre une houle venue du large s’est développée. Elle est haute de 3m à 4m et vient s’écraser en gros rouleaux sur la plage.

Nous attendons qu’elle se calme et restons un jour de plus avant de reprendre la mer. Cela fait 5 jours que nous sommes à Nazaré. Comment occuper ce jour supplémentaire ? Il y a beaucoup de sites intéressants à visiter dans la région. Nous portons notre choix sur le monastère de Batalha classé d’intérêt mondial par l’Unesco.

Un bus régional nous conduit à Batalha en une heure environ. Il nous dépose en fin de matinée à deux pas de l’immense monastère construit au XIVème siècle par plusieurs générations de rois du Portugal. L’édifice est imposant et il n’est pas question de bâcler la visite en 5mn. Comme il est presque midi, nous décidons de déjeuner avant d’aller à la découverte de ce chef d’œuvre de l’art gothique et manuélin ; gothique par l’architecture générale, les hauts piliers et les voûtes en ogive ; manuélin par l’apport de sculptures ornementales, de rosaces, de balustrades.

Etant donné qu’aujourd’hui nous avons décidé de ne rien bâcler, nous choisissons une table de qualité à l’hôtel restaurant Mestre Afonso Domingues. Le restaurant porte le nom de l’architecte du monastère. Nous commandons un chateaubriand pour diversifier nos habitudes alimentaires qui ont tendance à tourner autour de la morue ces derniers temps. Notre viande est excellente et copieuse. Je jure en la dégustant de ne plus jamais manger que du filet de bœuf. Nous l’accompagnons d’un bon vin de la région, un Balhata tinto. Il est tellement bon que nous en achetons quelques bouteilles en sortant du restaurant.

 

Satisfaits de notre déjeuner, de la qualité des plats, du vin et du service, nous entamons la visite du monastère. Ce monument est constitué de plusieurs éléments autour d’une église gothique d’une grande sobriété. C’est ce qui la différencie de la plupart des églises portugaises souvent enrichies par les ornementations très travaillées du style manuélin.  

On retrouve ce style manuélin dans le plus grand des deux cloîtres. Les marbriers de l’époque ne devaient pas ménager leur temps de travail pour produire de la sculpture d’une telle finesse.

Ce qu’il y a de bien quand on visite les monuments religieux du Portugal, c’est qu’ils n’ont été dégradés ni par la révolution ni par les bombardements des grandes guerres contrairement à beaucoup de cathédrales en France. Cela veut dire par exemple que les statues des saints sont toujours en place dans leur logement d’origine au fronton des portails des églises.

Ouvrant sur le cloître principal, une pièce du monastère abrite, sous une grande voûte carrée de plus de 20m de coté, la tombe des deux Soldats inconnus du Portugal. En France on a un Soldat inconnu qui repose sous l’Arc de Triomphe. Au Portugal ils en ont deux qui sont ensevelis au monastère de Batalha. Ils sont morts pendant la première guerre mondiale, l’un en France, l’autre en Afrique. Deux soldats de l’armée portugaise d’aujourd’hui veillent la tombe en permanence. Ils se tiennent tellement immobiles que Françoise les a pris pour des personnages de cire. Je lui ai proposé de retourner les voir et de les pincer mais elle n’a pas voulu.

De l’autre coté du cloître, un ancien réfectoire a été transformé en petit musée des Soldats inconnus. Il contient des souvenirs de la première guerre mondiale et notamment des remerciements des généraux français Joffre et Lyautey pour l’aide apportée par le Portugal dans le conflit.

Il y a aussi un document cocasse envoyé par un général allemand. Le général avait écrit dans un livre publié juste après la guerre que les Portugais s’étaient sauvés en courant au cours d’une bataille laissant la défense du terrain à leurs alliés. A la demande du Portugal offusqué il indique dans un rectificatif qu’il va modifier son récit, que c’est la puissance de l’attaque allemande qui a fait reculer les Portugais et non pas la trouille ! Quelles que soient les raisons du recul des Portugais, je comprends qu’ils aient eu envie de fuir le cauchemar des tranchées françaises pour retourner dans leur beau pays ensoleillé.   

Notre visite se termine par les chapelles du monastère. Elles contiennent les tombeaux de plusieurs rois du Portugal. L’une est inachevée et reste à ciel ouvert. Elle était prévue pour être immense. Huit hautes colonnes sculptées qui n’ont jamais reçu de dôme s’élèvent toujours vers le ciel. Il est dommage que le travail n’ait pas été terminé, mais un roi du Portugal, à un moment de l’histoire de ce pays a préféré se lancer dans la construction d’un autre édifice plutôt que de finir celui là. L'édifice en questionest le magnifique monastère des Hiéronymites à Lisbonne qui abrite aujourd’hui le musée de la Marine.

Après cette après midi culturelle nous reprenons l’autocar pour rentrer à Nazaré où de gros nuages noirs assombrissent le ciel et où nous retrouvons notre Harmonie.

Péniche

La houle et le vent s’étant calmés nous quittons Nazaré et arrivons à Péniche en milieu d’après midi après un trajet de quatre heures effectué au moteur. Péniche est un grand port de pêche sans intérêt particulier sinon celui d’offrir un abri pour la nuit. Les bateaux de passage se mettent à couple sur un grand ponton. Le va et vient incessant des bateaux de pêche lève des vagues qui rendent l’escale assez inconfortable. Nous quittons Péniche tôt le lendemain pour rejoindre la baie de Cascais. Le vent est toujours insuffisant pour maintenir une vitesse de 4 nœuds minimum, c’est donc encore au moteur que nous faisons ce parcours de 45 milles environ, en 7 heures, à une vitesse de croisière de 6,5 nœuds, moteur à 2200 tours en compagnie de trois autres voiliers qui marchent à la même vitesse que nous. Le niveau du réservoir de 420 litres de gasoil commence à baisser. Il ne reste plus que 220 litres !

Il faudra faire attention à la prochaine station de ne pas se tromper de pompe. Le diesel se dit ici gasoleo et l’essence gasolina.  

Cascais

Nous retrouvons avec plaisir Cascais, la station balnéaire chic à moins de 10 milles de Lisbonne. Une dizaine de voiliers sont ancrés, des français en majorité, des anglais et quelques autres de pays plus nordiques. Les bateaux français sont en général sur un circuit aller retour de traversée de l’atlantique et les anglais rejoignent la méditerranée.

Cascais est une ville pratique pour les navigateurs. La marina offre un abri sûr en cas de mauvais temps et ses prix on baissé. Ils sont de 17€ pour un 12m en basse saison. Elle est bien équipée, de nombreux commerces sont installés dans son enceinte dont plusieurs shipchandlers, des pompes à carburant sont disponibles à l’entrée, un chantier peut effectuer les travaux d’entretien ou les réparations éventuelles.

Quand le vent et la houle sont raisonnables, les bateaux ont la possibilité de rester au mouillage sur ancre dans la baie. C’est ce que nous faisons. Le mouillage est gratuit mais il est un peu rouleur malgré la protection de la digue de la marina.

Histoire de cybercafé

En ville on trouve tous les commerces et bien sûr les cybercafés. C’est là que tous les plaisanciers passent régulièrement une partie de leur temps pour établir un lien avec ceux qu’ils ont laissé derrière eux. Certains se connectent à Internet en utilisant les PC du cybercafé, d’autres apportent leur machine et travaillent en wifi, quant à moi j’utilise une clé USB U3, dite clé intelligente. Elle comporte, en plus de sa capacité de stockage, des programmes compatibles avec les logiciels courants de Microsoft et notamment Outlook. Ceci me permet de préparer ma correspondance tranquillement sur mon bateau à partir du logiciel Outlook installé sur mon PC, puis de synchroniser par un simple clic mes fichiers Outlook et le programme correspondant sur la clé USB. Je n’ai plus ensuite qu’à me rendre dans un cybercafé avec ma clé, la brancher sur un PC et expédier via ma boîte de messagerie Yahoo, les courriels que j’ai préparé sur le bateau. Un autre clic me permet de recevoir les courriels en attente dans cette boîte, de les sauvegarder su la clé puis de les rapatrier sur mon PC une fois de retour sur le bateau. Vous me suivez ? Ainsi, le temps passé au cybercafé est réduit au minimum et je peux récupérer sur mon PC les courriels reçus sur ma messagerie. Mais dans la réalité tout ne se passe pas aussi bien. Certains courriels présents sur ma boîte Yahoo ne sont pas ramassés par le programme de la clé et d’autres ne sont pas expédiés notamment s’ils comportent des fichiers joints un peu trop volumineux. Je galère donc souvent dans les cybercafés. En plus les logiciels Windows des cybercafés sont en portugais, les claviers ne sont pas tous Azerty, ils comportent des touches spécifiques à la langue portugaise et pour couronner le tout, certains claviers trop utilisés par les internautes de passage ont des touches sur lesquelles les lettres sont effacées. Avez vous déjà tapé sur un clavier où la moitié des touches sont effacées ? Pas facile dans ces conditions de mettre à jour mon blog souvent et rapidement. Où alors il faudrait que je passe mes journées dans les cybercafés et dans ce cas je n’aurais plus rien d’autre à raconter !

Les trottoirs portugais

Le paysage autour de Cascais se transforme, les constructions se développent. Un hôtel cinq étoiles domine maintenant la plage. Heureusement la vieille ville garde son cachet avec ses rues piétonnes et ses terrasses de café en bord de mer. Comme partout au Portugal les rues piétonnes, les places, les trottoirs sont constitués de petits pavés blancs et noirs, qui forment sur le sol une véritable marqueterie de pierres. Il faut avoir vu un paveur à l’œuvre pour comprendre qu’il réalise un véritable travail artistique. Il travaille à genoux sur un petit matelas de protection. Pour commencer il prépare ses cubes de calcaire et de basalte en les fendant à la taille souhaitée à l’aide d’un marteau puis il les dispose sur un lit de sable qu’il a égalisé auparavant. Il ajuste ensuite la hauteur des pavés en les tapotant avec son marteau. Pour finir il utilise une dame qu’il soulève et laisse retomber pour les enfoncer dans le sable. Etonnant !

 

 

Lisbonne

Le Tage

Nous restons 4 jours à Cascais avant de poursuivre notre route en longeant la côte d’Estoril jusqu’à l’embouchure du Tage que nous remontons vers Lisbonne. Devant nous défilent le nouveau port d’Oeixeras, la Tour Belem, le monument des Découvertes, le monastère des Hiéronymites qui abrite un musée archéologique ainsi que le musée de la marine. Les Hiéronymites étaient des moines de l’ordre de St Jérôme ; c’est pourquoi on appelle aussi ce monument Mosteiro dos Jeronimos. Nous passons ensuite sous le pont de la révolution du 25 avril dont le tablier haut de 70 m est largement suffisant pour laisser passer notre mât de 20 m et embouquons peu après les passes de la darse qui abrite la marina d’Alcantara. Un autre pont utilisé par des piétons nous barre la route. Nous faisons demi tour le temps de réfléchir à la situation. Un bateau remorqueur se présente pour entrer et le pont s’ouvre aussitôt. Nous prenons le sillage du remorqueur avant que le pont ne se referme. En arrivant à sa hauteur nous apercevons un écriteau indiquant qu’il faut appeler en VHF sur le canal 68 pour obtenir son ouverture. On le saura pour la prochaine fois.

La marina est bruyante du fait du trafic routier et ferroviaire important qui passe sur le pont du 25 avril, du fait aussi de la proximité du port de commerce qui charge et décharge des boîtes à longueur de journée et pour finir à cause des avions qui passent à basse altitude pour atterrir sur un aéroport tout proche. En contrepartie cette marina est très pratique pour visiter le centre de Lisbonne qu’on peut rejoindre à pied, en bus ou en tramway.

 

 

 

Le quartier Baixa

 Sitôt débarqués nous effectuons les formalités d’enregistrement à la marina – 33€ par jour tarif basse saison pour notre 13m - et rejoignons le quartier Baixa par où commence généralement une visite de Lisbonne. Pour entrer dans ce quartier depuis la place du commerce qui donne sur le Tage, il faut passer sous l’immense Arc de la rue Augusta. Cette longue et large rue piétonne mène ensuite à la grande place du Rossio.

Nous redécouvrons les curiosités de Lisbonne, l’élévateur à piétons de Santa Justa, la gare de chemin de fer qui ressemble à un palais, la place de Figueira, les vieux tramways. En déambulant nous nous retrouvons dans le quartier ancien de l’Alfama avec ses ruelles en pente forte et ses restaurants typiques qui proposent des spectacles de Fado. Une vieille dame très avenante nous propose de rentrer dans sa gargote. Elle nous vante la qualité de son restaurant et l’authenticité de son Fado. Nous la suivons sans résister et passons notre soirée à l’Esquina de Alfama, rua de San Pedro, 4.

Le Fado, c’est le Blues des Portugais

 

Peu de spectacles sont aussi émouvants qu’un concert de Fado. Cela commence d’abord par un repas excellent : par exemple quelques amuses gueules à base d’olives, de jambon fumé, de fromage frais avec un verre de Porto en apéro, suivis d’une dorade grillée accompagnée d’une carafe de vin du Douro, puis d’un melon pour dessert. Vient ensuite le café et le spectacle commence. Pendant le concert qui dure de vingt heures à minuit on descend quelques verres de Brandy, une sorte de Cognac portugais qui aide à plonger dans l’ambiance du Fado.

 Le Fado est joué par deux instrumentistes accompagnant un chanteur ou une chanteuse. Le premier instrument est une guitare portugaise à six cordes doublées ; cet instrument ressemble par sa forme à une mandoline ; le second est une guitare classique. Aujourd’hui les instrumentistes sont d’un niveau exceptionnel. Moi qui ai gratouillé un peu cet instrument pendant mon adolescence, je suis ébahi par la dextérité de leurs mains sur les cordes, par les suites d’accords complexes et de notes solo qu’ils tirent de leur guitare pour donner des mélodies qui se mêlent parfaitement à la voix du chanteur. Il s’agit bien de mélodies et non pas de simples accords d’accompagnement. Nous achetons leur disque à l’entracte.  
Certains des chanteurs et chanteuses qui se produisent semblent appartenir au personnel du restaurant. Ils proposent les menus, servent les plats, débarrassent les tables puis viennent chanter en solo sur la petite scène à tour de rôle. Quand vient leur tour, ils sont transcendés. Ce ne sont plus des serveurs mais d’immenses artistes. Ils ferment les yeux, lèvent la tête vers le plafond et chantent les airs populaires de leur pays en produisant les sons gutturaux si poignants et si mélancoliques du Fado. Nous ne comprenons pas les paroles mais on nous a dit qu’elles racontent la nostalgie des Portugais - la saudade - liée à la vie difficile au Portugal, à l’émigration de beaucoup de Portugais vers l’Europe du Nord, à la séparation forcée des êtres qui s’aiment. C’est l’équivalent du blues Noir Américain.

  
 Les jours suivants nous poursuivons notre visite de Lisbonne malgré la chaleur qui sévit en ce moment, 35° au soleil et 28° dans le bateau. Pour éviter la fatigue nous utilisons souvent les bus et les tramways pour nous déplacer dans la ville et sa banlieue. Ils sont pratiques et bon marché. Nous sillonnons le centre et ses faubourgs : le Baixa, l’Alfama, le Bairro Alto, puis nous consacrons une journée au quartier Belem sur la rive nord du Tage.

Le quartier Belem

La rive nord du Tage est bien aménagée en zone piétonnière, le soleil ne tape pas encore trop fort au dessus de nos têtes et c’est à pied que nous faisons le trajet depuis la marina Alcantara jusqu’au monument des Découvertes. La promenade est agréable.

 

 

 

 Le monument des Découvertes a été érigé au siècle dernier à la mémoire du roi Henri le Navigateur qui a été l’initiateur des premiers grands voyages entrepris pour trouver un passage maritime vers les Indes.

Quelques centaines de mètres plus loin, la Tour Belem offre un intéressant point de vue sur l’embouchure du Tage et ses environs. 

Le quartier Belem est fréquenté par de nombreux touristes ce qui fait monter le prix des rafraîchissements dans les gargotes environnantes. Dans l’une d’elles, près du monument de la Découverte, nous payons un coca 2 € ce qui n’est pas cher pour un Parisien mais hors de prix ici au Portugal. Elle propose aussi des plats de restauration rapide à des prix exorbitants. Nous décidons pour déjeuner de nous éloigner de cette zone trop fréquentée. Nous dénichons un petit restaurant sympa à quelques centaines de mètres de là et déjeunons agréablement en compagnie de Portugais qui travaillent dans les environs. Nous commandons au patron, qui est très serviable et parle français, un repas simple et excellent, de la bacalhau à braz (morue, omelette, pommes de terre, oignons, le tout haché et servi avec de la salade)

Le musée de la marine

L’après midi est consacré au monastère des Hiéronymites qui abrite une église et un cloître très intéressants et aussi le plus beau musée de la marine que j’ai jamais vu.

 

 

 

 

 

 

Il est bien normal que les Portugais possèdent un musée de la marine extraordinaire; ils ont été les plus grands navigateurs, les plus grands découvreurs du monde, ceux qui ont mené les plus belles aventures maritimes.

Que pouvaient bien faire à cette époque nos Bretons réputés grands marins ? Ils passaient peut être leur temps à se taper dessus avec les Anglais ? Ou alors ils étaient à la pêche. Les Bretons sont surtout des pêcheurs.

Les premiers marins portugais incités par leur roi Henri le Navigateur ont découvert dés le début du XVème siècle  Madère, les Açores, Les îles du Cap vert ; puis d’autres ont suivi et parcouru toute la cote africaine, Bartolomeu Dias à été le premier à doubler le cap de Bonne espérance, Vasco de Gama est allé jusqu’aux Indes, Afonso de Abulquerque a conquis Goa en Asie et c’est l’expédition du Portugais Magellan qui a bouclé le premier tour du monde bien qu’elle ait été financée par l’Espagne et que Magellan ait péri au cours du voyage. Tout ceci en une centaine d’années. C’est un petit peu sur leurs traces que nous voyageons.

Ce qui est intéressant dans ce musée c’est qu’il montre l’évolution de la marine au cours des siècles. Par exemple il explique comment la construction navale s’est rapidement perfectionnée depuis les caravelles des premiers grands navigateurs qui emmenaient quelques dizaines de marins à celles qui ont traversé les océans en emportant des armées avec leurs chevaux et leurs canons. Le musée est très complet. On peut admirer des centaines de maquettes de bateaux de la Marine portugaise depuis les caravelles du XIVème siècle jusqu’aux sous-marins rachetés par le Portugal aux USA au XXème siècle.

Le musée présente non seulement les bateaux mais aussi tout ce qui a un lien avec la navigation : les costumes des marins, leurs outils, leurs instruments de navigation, leurs armes. Il y a même une salle où l’on peut admirer plusieurs cabines du yacht royal Amélia qui ont été conservées après le démantèlement de ce navire.  
La comparaison avec le carré d’Harmonie est impossible. Françoise me dit « Comme j’aurais aimer naviguer sur ce bateau et vivre dans ces cabines royales » Je lui réponds qu’il n’est pas interdit de rêver ! 

D’autres salles du musée sont consacrées à la grande pêche à la morue en mer du Nord, à la pêche côtière, aux bateaux du trafic fluvial sur le Tage ou le Douro. Une dernière salle immense abrite plusieurs galères royales magnifiques, en parfait état, et aussi des hydravions dont un a participé à la première guerre mondiale et un autre, le Santa Cruz a été le premier avion à traverser l’océan Atlantique sud en 1922.

 

Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : Voyage Harmonie
  • : Voyage en bateau, de ports en ports. "Le voyage pour moi, ce n'est pas arriver, c'est partir. C'est l'imprévu de la prochaine escale, c'est le désir jamais comblé de connaître sans cesse autre chose, c'est demain, éternellement demain." (Roland Dorgelès)
  • Contact

Recherche

Liens